Depuis que je pratique la photographie, j’ai
toujours été fasciné par certains murs qui jalonnent mes explorations urbaines.
Ces surfaces sont semblables à leurs voisines, à la différence qu’elles ont la
capacité d’exprimer des émotions. À ceux qui savent les décrypter, ces murs ont
le pouvoir de raconter des histoires singulières. Au hasard d’une promenade,
ils nous livrent les récits qui s’y sont inscrit au fil du temps. Lors d’un
récent voyage en Chine, j’ai pris conscience de tout l’intérêt que recèlent ces
images que j’avais pris l’habitude de capter. Certaines sont imprégnées d’un contenu politique,
culturel ou utilitaire. D’autres sont des traces que le temps a minutieusement
laissées sur son passage. Mais ce qui m’intéresse avant tout, se situe au niveau
de la métafiction; je veux créer une œuvre où la perception du
spectateur balance entre l’évocation d’un monde étrange et ce qui est vraiment
donné à voir. Ce n’est qu’à force de patience, de déambulations improvisées et
par une attention toute particulière que je découvre l’existence de ces
surfaces décaties. Le temps de la marche dans les rues, les ruelles, les
quartiers populaires est nécessaire pour m’en imprégner, ressentir et vivre la
ville qui les abrite. Car chaque tournant peut nous dévoiler leur
existence, tout comme il peut en garder jalousement les secrets.
Au fil des
ans, j’ai appris à les reconnaître et les collectionner.